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REACT IN SILENCE, PLEASE!

React in silence, please ! (2008)

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Cette pièce m’a été inspirée par les évènements dramatiques et sordides qui ensanglantent et souillent le corps des congolaises à l’est de l’Ex Zaïre. Dans les deux Kivu, le viol est devenu une véritable arme de guerre. Les milices violent et introduisent toute sorte d’objets dans le vagin des femmes dans le but évident de les détruire de l’intérieur mais aussi afin de chasser les populations des villages de ces régions riches en minerais.

DES OBJETS

La pièce est conçue comme une enquête de police. Une série d´objets roses et de vidéos projetées sont disposés dans l´espace à la manière d’une installation de sculptures. Ces objets, disséminés sur la scène et au dessus du public ont tous un lien secret : ce sont des indices. L’ensemble crée un dispositif proche de l’installation comme celles que l’on peut trouver dans les galeries et les musées d’art contemporain. Elle amènera les spectateurs à se déplacer jusque sur la scène et ainsi devenir les véritables acteurs de la performance.

En effet, le jour de la représentation correspond au vernissage de cette exposition-exhibition. Ainsi à la fin de la pièce, le public est invité à monter sur scène où on lui offre un verre de vin. Il peut alors déambuler un verre de vin rouge à la main (qui pour moi est le sang de la victime) et ainsi traverser et observer l’installation de plus prés, pendant que résonne le morceau de Yoko Ono :« Kiss kiss kiss ».

Le public, ayant pénétré dans l’espace symbolique du plateau, tentera ou pas de reconstituer l´histoire d’une tragédie (mise en exergue pendant le spectacle) et ce grâce aux objets (dont certains sont affublés de mots, de titres), aux deux corps (toujours présents sur le plateau), et aux documents de police judiciaire étalés sur le sol.

Les regardeurs pourront aisément deviner que ces objets hétéroclites (véritables corps objets tous recouverts d’une seule et unique couleur : celle de la chair) étaient à l’intérieur d’un ventre et qu’ils en ont été éjectés. Qui a introduit ces « choses » roses et dans quel but?

DES CORPS

Deux corps sont en situation. Le premier corps est dissimulé dans un sac poubelle opaque qui ne laisse en rien deviner ce qu’il contient. Le sac se met soudainement en mouvement et semble vouloir cracher, vomir le corps. Danse macabre. C’est là, l’une des illustrations de la thématique centrale du spectacle: la notion de « dedans/dehors ». Au premier regard ce corps meurtri qui tente de passer du dedans au dehors semble impuissant, il incarne même un certain renoncement. Cependant sa difficulté à exister ne se définit pas comme renoncement à l’écriture du mouvement. Pour moi, c’est la notion même de « dedans/dehors » qui implique la notion de mouvement car avoir la nécessité de se libérer est bien l’incarnation même du mouvement.

Le second corps est immobile. Il est posé comme une « nature morte ». Il a les jambes légèrement écartées. Il arbore une culotte rose à laquelle sont attachées des cordes roses elles aussi. A l’extrémité de chaque corde est accroché un indice rose : pistolet, casque, perle, téléphone portable, sous-vêtement, cigarettes…

Le corps enfin éjecté par le sac poubelle apparaît raide ou plutôt son buste est définitivement raide. Seules les jambes sont en mouvement. C’est comme si une partie du corps semblait déjà mort. Pourtant ce corps se déplace. Ses joues sont gonflées. En fait sa bouche est remplie de fleurs (des roses bien sûr) qui sont éjectées en cascade á la toute fin de la performance, comme si ces fleurs provenaient du ventre même.

Le corps en mouvement finit par se suspendre á une table, seul mobilier de la scénographie. Au moment où le public est invité à se rendre sur scène pour boire du vin rouge, alors le corps « nature morte » s´anime, un verre á pied vide tenu du bout des doigts, posture sculpturale : de l’immobilité à l’inertie.

DES IMAGES

La qualité des vidéos est très expressionniste : noir et blanc contrasté avec beaucoup de grains.

La vidéo est composée d’un ensemble de gros plans sur des lèvres déformées par des grimaces et des bouches qui mastiquent.

Des trucages précis permettront de distinguer des corps déboussolés déambulant à l’intérieur d’une bouche affamée mais aussi la présence d’ombres qui courent. Qui se cache derrière telle ou telle ombre, le coupable ou la victime ? De plus les ombres des spectateurs, verre à la main, se mêleront à celles du film, comme pour mieux brouiller les pistes.

L’ensemble des séquences vidéo souligne la notion omniprésente d’ «´intérieur/extérieur », et par-delà l’omniprésence acharnée du corps : orifices, trous, béances, ceux-là même par lesquels on avale, secrète, expulse.

CORPS ANACHRONIQUES

 Ainsi dans ma dernière création il est question de corps non-parlants, qu’ils soient muets, autistes où qu’ils chantent (car chanter n’est pas parler). Une problématique s’y affirme, celle d’une présence s’affirmant sous une forme interrogative : visages grimés, corps en attente, mouvements de refus… dans une relative inertie ou à l’inverse dans l’excès de leurs contradictions. Ces corps sont topographiques, jouant d’une singularité dans leur capacité à s’associer à d’autres corps ou objets ; ils sont anachroniques, car ces corps peuvent être liés à d’autres temps, jusqu’à parfois ne plus appartenir au monde des vivants.

Ce questionnement de la présence, qui fait vaciller les certitudes liées à l’affirmation de soi, interroge également, par voie de conséquence, les formes de la représentation.

Distribution

Concept: Elisabeth Bakambamba TAMBWE
Interprétation: Elisabeth Bakambamba TAMBWE, ely moubueya et  Jamal Mataan
Support Choreographique : Serge Aimé COULIBALY
Musique: Gilles LELEU
Vidéo: François TAMBWE
Photos: ©Dig Up Productions

Production

Ce projet a été développé dans le cadre d’une résidence «TURBO 2008» coaché par Thierry Bae du festival Impulstanz de Vienne. La création sera achevée en mars 2009, en résidence avec le WUK à Vienne.